La hausse des agressions d’hommes en noir alarme les responsables de l’arbitrage. Ce samedi, lors du match Merlebach-Woippy, ils sont venus soutenir un des leurs et sensibiliser tous les acteurs du football.
Plantières, Téting-sur-Nied, Spicheren… Depuis la reprise des championnats de football, les agressions d’arbitres se multiplient. Faisant un triste écho à la saison dernière où des hommes en noir ont été pris pour cible à Anzeling, Châtel-Saint-Germain ou encore Montigny pour ne citer que les cas les plus graves.
Violences en hausse
« En 2015-2016, nous avons recensé vingt-cinq incidents », dénombre Éric Wernet. « Et cette année démarre déjà sur des bases dramatiques », poursuit le président départemental de l’Union nationale des arbitres français. Car par incidents, il ne faut pas comprendre les régulières insultes du week-end mais bien des crachats, des bousculades, des jets de projectiles, des menaces de mort et des coups.
Pour dénoncer cette escalade de violence dans le foot amateur, des arbitres sont venus manifester leur soutien à un de leurs confrères, ce samedi, au stade Philippe-Schuth, pour le match de coupe de Lorraine U17 opposant le SO Merlebach à l’ES Woippy. Ils ont déployé dans le calme une banderole : « Respecter l’arbitre, c’est respecter le football ! » Un choix de rencontre qui ne doit rien au hasard (Lire encadré).
Ce mouvement de solidarité a été initié par l’Unaf Moselle et la sous-commission des arbitres (SCA) de Forbach. Une action qui ne se veut pas que symbolique. « L’ensemble des clubs et des acteurs du football doivent prendre conscience de la gravité de ces faits », insiste Éric Wernet. Lors des dernières assemblées générales du district et de la ligue, une vidéo choc a d’ailleurs été diffusée pour sensibiliser (Lien vidéo).
« Il faut frapper fort »
La démarche est appuyée par la ligue lorraine de football. Ainsi l’arbitre central, d’habitude seul, a été épaulé, hier, par deux assesseurs, plus la présence d’un délégué de la ligue lorraine de football et d’un observateur de la SCA, avec un service d’ordre renforcé. Aux frais de la LLF. Pour Antoine Zarbo, ce premier geste en appelle d’autres : « Dès lors qu’un de nos arbitres est agressé, le district mosellan et la ligue lorraine doivent se porter partie civil e », lance le président de la SCA de Forbach.
« Notre priorité est la sécurité des arbitre s », assure-t-il, rappelant que ceux-ci sont chargés « d’une mission de service public ». Il attend à ce titre la signature d’une convention avec le Parquet pour que les violences sur les arbitres soient traitées en comparution directe.
Les deux responsables de l’arbitrage exigent aussi des sanctions plus sévères pour les auteurs. « On demande des sanctions fortes, prévues par le règlement, pour les joueurs, entraîneurs, dirigeants, supporters reconnus coupables. » Cela signifie une radiation à vie de toutes fédérations, à l’échelle européenne. « Quand un arbitre est frappé, il faut frapper fort ! » Pour les clubs, des retraits de points plus importants et des pénalités financières plus lourdes sont demandés. « C’est le seul moyen d’éradiquer la violence dans les stades. »
Les notions de jeu, de respect et d’éthique sont mises en avant. « On est la troisième équipe. On vient pour prendre du plaisir », commente Éric Wernet. Et Antoine Zarbo ne cache pas que les violences faites aux arbitres en découragent plus d’un.
« Face à de tels comportements, le recrutement se complique. En cinq ans, on est passé de 340 à 277 arbitres à la SCA », regrette Antoine Zarbo. « Ce sont les jeunes, dégoûtés, que nous perdons », alerte-t-il.
Pourquoi le match Merlebach-Woippy ?
Ce match de U17 SOM-Woippy n’a pas été choisi au hasard. Car depuis plusieurs mois, la tension est vive entre les arbitres et le club de la périphérie de Metz. « Par deux fois ces derniers mois lors d’agressions d’arbitres du secteur de Forbach, l’ES Woippy a été impliqué. Nous ne sommes pas là pour les condamner, mais pour alerter et sensibiliser », indique Antoine Zarbo.
C’est surtout la rencontre de PHR du 10 avril dernier, à Châtel-Saint-Germain, qui fait débat. Ce jour-là, un arbitre est-mosellan officie. À l’issue de la rencontre, perdue par l’ES Woippy, il est pris à partie (jet d’une bouteille et d’un ballon, crachats), insulté et menacé. Les faits entraînent une ITT de vingt-trois jours pour le jeune homme. Dans son rapport, il met en cause des supporters de Woippy.
Le 2 juillet, la commission de discipline de la ligue de Lorraine donne son verdict : l’ES Woippy est rétrogradée de deux échelons, et est inscrite en 2e division de district. Depuis, la peine a été ramenée à descendre d’une seule division, avec sursis. Le club joue donc en 1re division, suite à son passage devant la commission supérieure d’appel de la fédération française de football. Mais son président plaide toujours pour le retour en PHR.
Mourad Mohadab estime son club victime « d’une cabale. J’ai la preuve noir sur blanc qu’il y a une coalition d’arbitres et un dossier monté contre l’ES Woippy. ». Et du coup contre-attaque. L’avocat de l’ES Woippy est ainsi déterminé à « épuiser toutes les voies de recours possibles : le comité national olympique et sportif, le tribunal administratif ». (Lire Le Républicain lorrain du 27 septembre).
Mourad Mohadab a d’ailleurs porté plainte, au commissariat de police de Metz, contre l’arbitre pour « dénonciation calomnieuse et faux témoignage ».
Pour Éric Wernet : « L’arbitre a rédigé son rapport comme ses fonctions l’y obligent ». L’Unaf Moselle a aussi pris un avocat pour défendre les intérêts du jeune homme.
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RL du 16/10/2016
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